C notre quartier :: la rue aux Ours
Construite au XIIIème siècle, cette artère commençant rue Saint-Martin s’achevait autrefois rue Saint-Denis et faisait alors partie du 6ème arrondissement. En face de son entrée, se trouvait le portail d’une église aujourd’hui disparue, celle de Saint-Jacques L’Hôpital.
Mais ça c’était avant ! Avant le baron Haussmann et ses grands travaux, avant le percement du boulevard Sébastopol.
Reste que l’on se demande malgré tout quel lien cette rue du cœur du vieux Paris peut bien avoir avec des ours ; et bien aucun en vérité ! Ours n’est qu’une déformation, une altération de mot « oues » qui en ancien français signifie « oies ». Cette rue devrait donc s’appeler rue des Oies. Mais là encore, pourquoi ? Tout simplement parce que c’était autrefois la rue des rôtisseurs qui étaient fort réputés pour la qualité gustatives de leurs oies, qui venaient probablement du marché des Halles à l’époque tout proche. D’où le nom de rue des Oues, déformé au fil du temps pour devenir rue des Ours.
Une autre anecdote reste attachée à la rue des Ours. On y trouvait au milieu une statue de la Vierge Marie, encerclée par une grille en fer. La petite histoire veut qu’en 1418, un soldat suisse sortant éméché d’une échoppe voisine, s’en prit à cette pauvre statue qu’il frappa de son sabre. Aussitôt, la statue se mit à saigner. On cria à la fois au miracle et au sacrilège ; le soldat fut arrêté et conduit devant le Chancelier de Marie. L’issue de son procès fut rapide et le malheureux condamné à mort.
La Grande Histoire remit les choses à leur place ; étant donné le nombre d’incohérences qu’elle présentait, il fut avéré que les faits n’avaient jamais eu réellement lieu. Ainsi naissent et vivent les légendes… Car encore longtemps après, à chaque date anniversaire du forfait supposé, il y avait une bien curieuse manifestation : le peuple se réunissait rue des Ours, allumait un grand feu et y jetait une sorte d’épouvantail en osier habillé en soldat suisse. Les légendes ont décidément la vie bien dure…